Internet est devenu un espace central de notre vie quotidienne : réseaux sociaux, messageries instantanées, jeux en ligne, forums, blogs. Ces canaux de communication numérique offrent des opportunités de partage, d’échange et de créativité immenses. Pourtant, ils sont aussi devenus le théâtre de violences numériques telles que le harcèlement en ligne, également appelé cyberharcèlement.
Selon une enquête de l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), 1 adolescent sur 6 dans le monde a déjà été victime de cyberharcèlement. Un chiffre inquiétant qui montre l’urgence de mieux comprendre ce phénomène. Que vous soyez directement concerné·e ou que vous souhaitiez aider un proche, cet article vous apportera une définition du cyberharcèlement, des repères clairs pour comprendre cette violence, comment la reconnaître, agir efficacement et prévenir ces situations.
Le cyberharcèlement désigne des actes hostiles et répétés commis via des outils numériques. Loin d’être virtuelle, cette violence commise derrière un écran, est particulièrement dangereuse puisque instantanée et très souvent virale, mais aussi plus banalisée que ne le serait la violence physique. Le harcèlement en ligne peut prendre plusieurs formes : insultes, moqueries, diffusion de rumeurs, humiliations publiques par des images ou vidéos, menaces, intimidations, chantage. Comme d’autres formes de harcèlement, le cyberharcèlement peut se poursuivre 24h/24, à distance mais sans répit grâce aux outils numériques.
Il n’est pas toujours évident de repérer une situation de violence numérique, surtout chez les plus jeunes, qui n’en parlent pas spontanément. Voici ce qu’il faut chercher : la répétition d’agissements malveillants commis dans un cadre numérique. En droit, le cyberharcèlement désigne le fait, au moyen de services numériques ou de technologies de communication en ligne, d’adresser à une personne, de façon répétée, coordonnée ou amplifiée, des propos ou comportements hostiles. Ces actes doivent avoir pour objet ou pour effet de porter atteinte à la dignité, aux droits, à la santé physique ou mentale. Ils peuvent également créer une situation dégradante, hostile ou intimidante. Il ne s’agit donc pas d’un acte isolé, mais bien d’une série d’agissements hostiles qui se répètent dans le temps. C’est cette répétition des attaques qui caractérise le cyberharcèlement.
Les conséquences du cyberharcèlement numérique peuvent être lourdes, en particulier pour les mineurs. Anxiété, isolement, perte de confiance en soi, troubles du sommeil, chute des résultats scolaires, voire idées noires : les impacts psychologiques ne doivent jamais être minimisés. Les violences numériques sont un véritable enjeu de santé mentale. Elles nuisent de manière globale aux capacités relationnelles des individus, freinent l’expression personnelle et fragilisent la confiance. Comme les mineurs, les adultes sont eux-aussi exposés aux violences en ligne et à leurs conséquences. Pour se sensibiliser, Point de Contact propose en accès libre une bande dessinée éclairante sur le harcèlement.
Qu’on soit victime ou témoin, certains réflexes permettent d’agir efficacement. Il faut conserver les preuves : captures d’écran, messages, publications. Ces éléments seront importants si l’on souhaite signaler les faits ou porter plainte pour cyberharcèlement. Il est également important de signaler les comptes ou contenus abusifs directement sur les plateformes concernées. En plus des signalements sur les plateformes, vous pouvez alerter Point de Contact. Notre équipe analyse les contenus, les transmets si besoin aux autorités et aux plateformes ou sites internet et vous apporte un soutien personnalisé. Les réseaux sociaux et applications disposent déjà de procédures dédiées. Bloquer l’auteur des faits permet de limiter le contact. En cas de menaces, de diffusion d’images intimes, de chantage ou d’autres formes de cyberharcèlement, il est possible de porter plainte pour cyberharcèlement auprès de la police ou de la gendarmerie. Enfin, il ne faut pas hésiter à demander de l’aide, auprès d’associations, d’avocats ou de structures spécialisées.
La prévention contre le harcèlement est nécessaire. Dès le plus jeune âge, il est utile d’enseigner à son enfant les bons comportements en ligne : respecter les autres, ne pas partager d’informations personnelles, ne pas publier de photos sans l’accord des personnes concernées. Sensibiliser nos enfants aux notions de respect, d’empathie et de responsabilité est indispensable. Parler régulièrement des usages numériques, sans dramatiser, permet aussi de désamorcer les situations à risque. Parents, enseignants, professionnels, tous ont un rôle à jouer en encourageant le dialogue et en restant attentifs aux signes de souffrance.
Le cyberharcèlement ne naît pas toujours d’une intention malveillante. Dans certains cas, les auteurs ne réalisent pas la portée de leurs actes : une moquerie partagée « pour rire », un commentaire blessant sous une photo peuvent suffire à toucher profondément. C’est pourquoi il est important de prendre conscience de l’impact de nos comportements en ligne, même s’ils nous paraissent anodins. Avant de publier, commenter ou partager, posez-vous la question : « Est-ce que cela pourrait blesser quelqu’un ? Est-ce que j’en serais fier si c’était rendu public ? ». Cultiver l’empathie, éviter les jugements hâtifs, respecter l’intimité des autres et refuser de relayer des contenus humiliants sont des réflexes clés pour ne pas devenir, même involontairement, acteur de harcèlement en ligne. S’éduquer à la responsabilité numérique, c’est aussi apprendre à préserver la dignité et le bien-être des autres, car un environnement en ligne respectueux commence par nos propres actions.
Parmi les ressources pour lutter contre le cyberharcèlement, plusieurs outils sont à la disposition du public. L’association Point de Contact, reconnue signaleur de confiance par les autorités françaises et européennes, permet de signaler rapidement et en toute confidentialité des contenus ou comportements présumés illicites ou préjudiciables rencontrés en ligne, notamment en cas de cyberharcèlement, de contenus haineux ou d’atteintes à la vie privée. D’autres solutions existent également, comme la plateforme gouvernementale Pharos, dédiée à la lutte contre les contenus illicites sur Internet. Pour les victimes de violences numériques, la ligne d’écoute 3018 de l’association e-Enfance propose un accompagnement téléphonique confidentiel. Signaler, c’est déjà agir pour se protéger et protéger les autres.
Le cyberharcèlement est un phénomène grave et en constante évolution, qui peut avoir des conséquences dévastatrices sur la santé mentale et la vie sociale des victimes. Cependant, il n’est pas une fatalité. En s’informant, en dialoguant et en n’hésitant pas à signaler les comportements abusifs, chacun peut contribuer à rendre Internet plus sûr. Il est essentiel d’être solidaire et de rappeler que des solutions existent pour les victimes, les témoins, les parents et les citoyens. Protégez-vous et protégez les autres dès aujourd’hui. Ensemble, nous pouvons créer un environnement en ligne plus respectueux et bienveillant pour toutes et tous.
Oui, en France, le cyberharcèlement est considéré comme un délit selon le Code pénal, notamment aux articles 222-33, et 222-33-2 à 222-33-2-3. L’auteur s’expose à deux ans d’emprisonnement et 30.000 euros d’amende pour du harcèlement moral. Dans les cas de harcèlement scolaire – les plus graves – ayant conduit la victime au suicide ou à une tentative de suicide, les peines peuvent aller jusqu’à dix ans de prison et 150.000 euros d’amende. Il est important de noter que pour caractériser le cyberharcèlement, il n’est pas nécessaire que l’auteur ait eu l’intention de nuire ou de dégrader les conditions de vie de la victime. Il suffit que le comportement ait eu pour effet de causer un préjudice, même sans que l’auteur n’ait pris la mesure du mal causé.
Le cyberharcèlement regroupe plusieurs formes d’atteintes numériques, considérées comme des délits dès lors qu’elles sont répétées et qu’elles nuisent à la dignité, la santé ou les conditions de vie de la victime. Il comprend notamment le harcèlement moral en ligne, qui se manifeste par des messages insultants, des moqueries ou des menaces visant à intimider ou humilier la personne visée. Il y a également le harcèlement scolaire via Internet, lorsqu’un élève est victime de brimades, d’humiliations ou de rumeurs diffusées par d’autres élèves ou même un enseignant – par exemple, des propos discriminatoires publiés sur le compte Instagram d’un élève. Enfin, le harcèlement sexuel en ligne consiste en l’envoi non sollicité de messages, photos, vidéos ou montages à connotation sexuelle ou sexiste. Ces comportements doivent être répétés et produire un effet dégradant sur la vie ou la dignité de la victime pour être qualifiés juridiquement.
Pour savoir si votre enfant est victime, soyez attentif aux changements de comportement tels qu’un repli social, des variations d’humeur, ou des troubles du sommeil et de l’appétit. Engagez un dialogue ouvert en créant un environnement sûr, sans jugement et en écoutant activement ses préoccupations. N’hésitez pas à consulter des professionnels comme des psychologues ou des conseillers scolaires pour obtenir du soutien. Surveillez également les signes physiques inexpliqués et soyez conscient de son activité en ligne pour détecter tout signe de cyberharcèlement. Votre vigilance et votre soutien sont essentiels pour aider votre enfant à traverser ces défis.
Point de Contact est une association de lutte contre les cyberviolences et de protection des droits
des citoyens sur internet. Elle permet par exemple aux victimes et aux témoins de lui signaler des
contenus ou des comportements malveillants et collabore étroitement avec les autorités et les
plateformes numériques pour en obtenir le retrait. L’association mène également des actions de
formation, de sensibilisation et de plaidoyer à l’attention des jeunes, des professionnels, des
entreprises et des pouvoirs publics.
Reconnue pour ses compétences dans la lutte contre la pédocriminalité, les discours illégaux et les
violences sexuelles en ligne, Point de Contact s’engage en faveur d’espaces numériques plus sûrs,
plus inclusifs et plus respectueux des droits fondamentaux.